par Chems Eddine Chitour
«L'Algérie est le patrimoine de tous (...). Si les patriotes algériens se refusent à être des hommes de seconde catégorie, s'ils se refusent à reconnaître en vous des supercitoyens, par contre, ils sont prêts à vous considérer comme d'authentiques Algériens. L'Algérie aux Algériens, à tous les Algériens, quelle que soit leur origine. Cette formule n'est pas une fiction. Elle traduit une réalité vivante, basée sur une vie commune». - Appel, lancé de Tunis, par le FLN le 17 février 1960 aux «Européens d'Algérie»
«Je suis algérien, d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. Ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur». ~ Jules Roy, colonel d'aviation
«On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu'ils ne s'entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de rapatriés ne s'applique évidemment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères !» ~ Charles de Gaulle, à propos des harkis (Alain Peyrefitte en 1962)
Résumé
Cette contribution est un récit de ce qui s'est passé pendant cette période charnière de fin de la présence française et du démarrage de l'État algérien naissant dans une atmosphère plombée par le bruit des bombes de l'OAS. Nous allons rapporter quelques témoignages qui contredisent le mythe de la valise ou le cercueil ceci sans nier la terreur de certains européens travaillés au corps par les slogans de l'OAS sachant que beaucoup d'entre eux parmi les plus aisés se sont repliés bien avant le cessez le feu. Le but de l'OAS créé en 1961 étant par la violence souder la population européenne d'Algérie, et creuser un fossé infranchissable avec la population musulmane, puis mettre de Gaulle devant le fait accompli.
Nous décrirons aussi rapidement le sort des harkis en Algérie et le refus du général de les accueillir. Nous donnerons aussi des témoignages où là encore les vérités sont contradictoires oubliant sciemment que des Algériens ont aidé à sécuriser des européens condamnés à une fin certaine par des révolutionnaires de la 25ème heure. Nous donnerons aussi notre avis sur ces interfaces natifs de l'histoire tumultueuse entre l'Algérie et la France.
Enfin il nous semble que le moment est venu pour la mise en place avec les historiens des deux bords d'une Commission de la Vérité avec au préalable, l'ouverture des archives, le but étant dans le calme et la sérénité d'arriver pédagogiquement à faire toucher du doigt l'horreur d'une colonisation sans état d'âme Une fois cela admis, rien ne s'oppose à construire graduellement le futur.
Le 5 juillet 1962 et L'OAS et la politique de la Terre brûlée
L'Algérie a connu une indépendance dans violence de fin de guerre menée par l'OAS (attentats, destructions, incendies). Le slogan «la valise ou le cercueil», qui a précipité le départ massif des Européens d'Algérie, souvent dans la panique. Un exode de près d'un million de personnes, dont une large partie constituait les cadres techniques, administratifs et économiques. Ce fut une hémorragie de compétences qui a fragilisé l'État naissant, aggravée par les blessures mémorielles et le poids des rancunes.
Nous rapportons le texte de Jules Roy qui «couvre» pour l'Express les premiers jours de l'indépendance de l'Algérie. Il décrit ici la joie des Algériens, mais aussi l'espoir des Français d'Algérie qui veulent encore croire, en dépit de la politique de la terre brûlée de l'OAS, qu'ils pourront rester dans le pays et vivre en paix aux côtés des musulmans : «La surprise colossale du jour, ce fut celle-là : on croyait que les Européens s'abstiendraient. Et s'ils étaient obligés de sortir, ils raseraient les murs pour échapper aux provocations toujours (...) - Oui, monsieur, Nous vivons en bonne intelligence avec les musulmans. Nous habitons dans leur quartier. Nous partageons leurs préoccupations. S'ils sont heureux, nous le serons et nous souffrons quand ils sont malheureux. Parce que nous voulons rester Ici. (...)». 1
Jules Roy s'interpelle et interpelle les pieds noirs en leur demandant pourquoi ils s'enfuient : «Alors, quoi, ce jour de colère et d'apocalypse où les hordes arabes allaient descendre de la Casbah pour égorger les hommes, violer les femmes et éventrer les enfants, briser les devantures, piller les magasins et mettre la ville à feu et à sang, alors, mes bons compatriotes qui foutez le camp à pleins bateaux et à pleins avions, vers les rivages de la métropole, où est-il, ce déluge jailli des orgues de l'enfer vers la terreur de l'an mille ? (...) Il cite ceux qui restent : «Moi, je ne m'en irai que si on me met de force sur un bateau». (...) «C'est que, monsieur, me dit l'employé du gaz, nous ne sommes pas des imbéciles et des criminels comme les gens d'Oran». (...) Ici, les commandos de l'O.A.S. ont détruit tout ce qui leur résistait et tué, chaque jour, par dizaines, les musulmans qui ne s'étalent pas encore réfugiés dans les montagnes. Pour rien. Pour imposer le mythe de l'Algérie française car les cinglés de l'O.A.S. et du 12e bataillon d'infanterie y ont enfoui, par centaines ; les cadavres des «rebelles» qu'ils ont liquidés». 2
«Sans valise ni cercueil», les pieds-noirs restés en Algérie se portent bien
Pierre Daum est un journaliste et historien français, a consacré des enquêtes aux «pieds-noirs» restés en Algérie après l'indépendance et aux «harkis», s'opposant à la thèse d'un exode forcé généralisé. Son livre «Ni valise ni cercueil : Les pieds-noirs restés en Algérie après l'indépendance», publié en 2012, dans lequel il retrace le parcours de ceux qui ont choisi de ne pas quitter l'Algérie. Pour Pierre Daum : «Depuis quarante-cinq ans, les rapatriés ont toujours soutenu l'idée qu'ils avaient été «obligés» de quitter l'Algérie au moment de l'indépendance en 1962, car, menacés physiquement ils n'auraient pas eu d'autre choix. Pourtant, à la fin de la guerre, deux cent mille pieds-noirs ont décidé de demeurer dans le nouvel État. Témoignages de personnes qui y vivent encore aujourd'hui». 3
«Alger, janvier 2008. Pour trouver la maison où habite Cécile Serra demandez à n'importe quel voisin : «Mme Serra ? C'est facile, c'est la maison avec les orangers et la vieille voiture !» Cécile Serra reçoit chaque visiteur avec une hospitalité enjouée. «Mais pourquoi serais-je partie ? Ici, c'est notre pays. Tout est beau. Il y a le soleil, la mer, les gens. Pas une seconde je n'ai regretté d'être restée». Son mari, Valère Serra, était tourneur dans une entreprise pied-noire «Pendant la guerre, il se déplaçait souvent pour vendre des produits. Il disait à nos voisins [arabes] : «Je vous laisse ma femme et mon fils !» Et il ne nous est jamais rien arrivé. Sauf quand y a eu l'OAS La vérité, c'est que c'est eux qui ont mis la pagaille ! Mais «La valise ou le cercueil», c'est pas vrai. J'étais bien avec tout le monde. Les Algériens, si vous les respectez, ils vous respectent. Moi, j'ai jamais tutoyé mon marchand de légumes. Et aujourd'hui encore, je ne le tutoie pas». 3
«En ce qui concerne leurs biens, les Européens qui sont restés n'ont que rarement été inquiétés. Quant au décret de nationalisation des terres, promulgué en 1963 par le nouvel État socialiste, il n'a concerné que les très gros domaines, (...) Il n'a non plus jamais été suffisamment souligné avec quelle rapidité la paix complète est revenue en Algérie». C'est vrai que, dès août 1962, plus un seul coup de feu n'a été tiré en Algérie. Pour Benjamin Stora, «Quand l'OAS est venue, un grand nombre d'entre eux l'a plébiscitée. Ils avaient donc peur des exactions de militants du FLN, en réponse à celles de l'OAS. Pourtant, une grande majorité d'Algériens n'a pas manifesté d'esprit de vengeance, et leur étonnement était grand au moment du départ en masse des Européens». 3
«Jean-Bernard Vialin avait 12 ans en 1962. Originaire de Ouled Fayet, son père était technicien et sa mère institutrice. Ancien pilote de ligne à Air Algérie, il nous reçoit sur son bateau, amarré dans le ravissant port de Sidi Fredj (ex-Sidi-Ferruch). On s'imagine mal aujourd'hui à quel point le racisme régnait en Algérie. À Ouled Fayet, tous les Européens habitaient les maisons en dur du centre-ville, et les «musulmans» pataugeaient dans des gourbis, en périphérie. «Ce n'était pas l'Afrique du Sud, mais presque». En janvier 1962, une image s'est gravée dans les yeux du jeune garçon. «C'était à El-Biar [un quartier des hauteurs d'Alger]. Deux Français buvaient l'anisette à une terrasse de café. Un Algérien passe. L'un des deux se lève, sort un pistolet, abat le malheureux, et revient finir son verre avec son copain, tandis que l'homme se vide de son sang dans le caniveau. Après ça, que ces mecs aient eu peur de rester après l'indépendance, je veux bien le croire»». 3
«En septembre 1962, ses deux mille Européens ont déserté Ouled Fayet, sauf les Vialin. (...) Dès 1965, la famille acquiert la nationalité algérienne. «Et finalement, je me sens algérien avant tout. À Air Algérie, ma carrière s'est déroulée dans des conditions parfaitement normales ; on m'a toujours admis comme étant d'une autre origine, mais sans faire pour autant la moindre différence». Et puis, il y a Félix Colozzi, 77 ans, communiste, engagé dans le maquis aux côtés du FLN, prisonnier six ans dans les geôles françaises devenu ingénieur économiste dans des entreprises d'État. Et André Lopez, 78 ans, le dernier pied-noir de Sig à cinquante kilomètres d'Oran, qui a repris l'entreprise d'olives créée par son grand-père, et qui y produit à présent des champignons en conserve. Et le père Denis Gonzalez, 76 ans, à l'intelligence toujours très vive, «vrai pied-noir depuis plusieurs générations», qui, dans le sillage de Mgr Duval, le célèbre évêque d'Alger honni par l'OAS, a choisi de «rester au service du peuple algérien»». 3
«En ce qui concerne leurs biens, les Européens qui sont restés n'ont que rarement été inquiétés. «Personne ne s'est jamais avisé de venir nous déloger de notre villa !», s'exclame Guy Bonifacio, oranais depuis trois générations, à l'unisson de toutes les personnes rencontrées. Quant au décret de nationalisation des terres, promulgué en 1963 par le nouvel État socialiste, il n'a concerné que les très gros domaines, les petites parcelles laissées vacantes, et éventuellement les terres des Français qui, bien que demeurés sur place, ont refusé de prendre la nationalité algérienne. Il n'a non plus jamais été suffisamment souligné avec quelle rapidité la paix complète est revenue en Algérie. «Je suis arrivé dans le pays à l'été 1963, raconte Jean-Robert Henri, historien. Avec ma vieille voiture, j'ai traversé le pays d'est en ouest, dormant dans les coins les plus reculés. Non seulement, avec ma tête de Français, il ne m'est rien arrivé, mais à aucun moment je n'ai ressenti le moindre regard d'hostilité. J'ai rencontré des pieds-noirs isolés dans leur ferme qui n'éprouvaient aucune peur». «C'est vrai que, dès août 1962, plus un seul coup de feu n'a été tiré en Algérie». 3
Marie-France Grangaud confirme : «Nous n'avons jamais ressenti le moindre esprit de revanche, alors que presque chaque famille avait été touchée. Au contraire, les Algériens nous témoignaient une véritable reconnaissance, comme s'ils nous disaient : «Merci de rester pour nous aider» !» Finalement, on en vient à se demander pourquoi tant de «Français d'Algérie» ont décidé de quitter un pays auquel ils étaient aussi charnellement attachés. Lorsqu'on leur pose cette question, en France, ils évoquent presque toujours la peur, alimentée par le climat de violence générale qui régnait en Algérie dans les derniers mois de la guerre». 3
«Le déchaînement de violence, fin 1961-début 1962, venait essentiellement de l'OAS, rectifie André Bouhana. À cause de l'OAS, un fossé de haine a été creusé entre Arabes et Européens, qui n'aurait pas existé sinon. Quand l'OAS est venue, un grand nombre d'entre eux l'a plébiscitée. Ils avaient donc peur des exactions de militants du FLN, en réponse à celles de l'OAS. Pourtant, une grande majorité d'Algériens n'a pas manifesté d'esprit de vengeance, et leur étonnement était grand au moment du départ en masse des Européens». 3
L'autre raison de l'exode : Le mythe de races supérieures !
C'est peut-être aussi, dans une moindre mesure, la cause originelle fruit d'une sédimentation depuis Jules et Ferry du mythe des races supérieures. Ce mythe imprègne, tout le corps social français Pierre Daum rapporte les propos des personnes interrogées : «Nous vivions de facto avec un sentiment de supériorité. Nous nous sentions plus civilisés». Chez Jean-Bernard Vialin, la réponse fuse : «La grande majorité des pieds-noirs a quitté l'Algérie non parce qu'elle était directement menacée, mais parce qu'elle ne supportait pas la perspective de vivre à égalité avec les Algériens ! Ce sentiment de supériorité était une évidence. Au fond, c'est ça la colonisation...». Pour la chercheuse Hélène «la vraie raison du départ vers la France se trouve dans leur incapacité à effectuer une réversion mentale. Les Européens d'Algérie, quels qu'ils soient, même ceux situés au plus bas de l'échelle sociale, se sentaient supérieurs aux plus élevés des musulmans. En 2008, l'écrivain Pierre Daum a recensé les pieds-noirs : Sur le million de Français 150 000 sont partis avant 1962 et 650 000 en 1962. ils étaient encore 30 000 en 1993». 4
Ce mythe des races supérieures, nous le retrouvons aussi, dans cet appel de Kateb Yacine à Albert Camus, pour aller ensemble aider une population algérienne dans la détresse. Salah Guemriche rapporte : «Un jour, Kateb écrivit une lettre Albert Camus, pour attirer son attention sur la situation que vivait leur pays, en ces termes : «On crie à Tipaza et à Nadhor (...) Irons-nous ensemble apaiser le spectre de la discorde, ou bien est-il trop tard ? Verrons-nous à Tipaza et Nadhor les fossoyeurs de l'ONU déguisés en juges ?» Camus ne lui répondit jamais... Morale Nadhor, le village de la tribu des Keblout, ses ancêtres, était-il dans l'esprit de l'indigène écrivain ce qu'était Tipaza dans l'esprit de l'écrivain pied-noir ?» 5
L'Algérie de Camus était une Algérie aseptisée de ses indigènes avec avec toujours cette frontière invisible qui tient à distance le bougnoule et donne l'assurance surtout aux colons qu'ils sont dans leur bon droit et de ce fait, du bon côté de l'histoire.
L'accueil indigne des pieds-noirs en France
À l'été 1962, arrivés en France on héberge les pieds-noirs dans des internats, d'anciennes casernes, voire dans de petits hôtels réquisitionnés par les préfectures. Le chercheur Yann Scioldo-Zürcher, souligne néanmoins que l'État a veillé à ce que les rapatriés n'échouent pas dans les bidonvilles. Il y eu cependant des réactions. Ainsi : «Gaston Defferre, alors maire de Marseille, se place au premier rang du «comité d'accueil». Supporter de l'indépendance, il n'éprouve pas de sympathie pour ces intrus qui débarquent par milliers chaque jour dans la cité phocéenne. Le 2 juillet 1962, dans une interview à Paris-Presse, il déclare : «Au début, le Marseillais était ému par l'arrivée de ces pauvres gens, mais, bien vite, les pieds-noirs ont voulu faire comme ils le faisaient en Algérie quand ils donnaient des coups de pieds aux fesses des Arabes. «Halte au péril pied-noir !», peut-on lire sur des affiches placardées sur les murs du port. le quart des biens des rapatriés déchargés à Marseille ont été purement et simplement volés»». 6
L'accueil des harkis en France et ceux qui sont restés au pays
Pierre Daum a enquêté et apporte le témoignage suivant concernant le manichéisme entretenu entre les assassinats par milliers et la réalité têtue. En fait s'il y eut des exactions qui ne sont pas le fait du pouvoir naissant mais des patriotes sur le tard ou même de vengeance personnelle. Il n'en demeure pas moins que beaucoup ont choisi de rester au pays : «Le jour du cessez-le-feu, le 19 mars 1962, le commandant rassemble ses harkis : «Celui qui veut partir en France, il peut partir. Et celui qui veut rester, il reste !» Snoussi choisit de rester. «Ma famille était ici. Ma mère, mon frère, je ne pouvais pas les abandonner». À peine l'armée française disparue, les moudjahidin descendirent des montagnes. «Ils nous ont emmenés dans la caserne de Sidi Larbi, à trente kilomètres d'ici, de l'autre côté de la montagne. C'est une ancienne caserne de l'armée française, que l'ALN a récupérée». Il y passe quinze jours, «en avril 1962», au milieu de quatre cents autres harkis».
«Ensuite, ils nous ont relâchés petit à petit, et je suis rentré au village. À Beni Bahdel, nous étions sept harkis. On vit tous encore ici». Snoussi fait partie de cette grande majorité de harkis - plusieurs centaines de milliers si on prend le terme au sens large - qui sont restés en Algérie après l'indépendance, et qui n'ont pas été tués. L'historien Abderahmen Moumen, un des meilleurs spécialistes des harkis explique : «Depuis cinquante ans, nous sommes restés bloqués sur cette seule alternative concernant les harkis : soit ils se sont échappés en France, soit ils ont été massacrés en Algérie, Mais la réalité historique, sans éluder les violences à l'encontre d'une partie d'entre eux après l'indépendance (massacres, internements, marginalisation sociale...), nous oblige à considérer une troisième possibilité : qu'ils soient restés en Algérie sans avoir été tués». 7
Abandonnés par le gouvernement français, des milliers de supplétifs de l'armée eurent à choisir entre le départ ou rester en Algérie les harkis ont été mal accueillis, Ils ont été présentés comme des victimes du FLN. Le docteur Mohamed Toumi chirurgien au maquis raconte avec toute l'autorité de celui qui a souffert le cas de ces Algériens qui, à leur corps défendant, se retrouvèrent comme supplétifs de l'armée française mais aussi d'autres qui désertèrent pour rejoindre l'Armée de Libération nationale. Il écrit : «Le problème est certes complexe et non insoluble. Il serait pourtant raisonnable de reconsidérer notre jugement hâtif les concernant. Nombreux se sont engagés pour de multiples raisons, éloignées de toute espèce d'idéologie. Esprit aigu de vengeance pour des actes subis dans leur chair ou pour des actions coercitives menées à l'encontre de leur famille ou même de leur tribu, actions souvent irréfléchies ou injustes perpétrées sur ordre de responsables FLN par trop zélés». Le docteur rapporte le cas de harkis qui ont déserté en sauvant un prisonnier : l'évasion du moudjahid Ahmed Benabenni. «Nos deux braves supplétifs parvinrent à récupérer les clefs afin de libérer le prisonnier de ses chaînes, (...) Benabenni et ses deux compagnons n'eurent ensuite aucune difficulté pour rejoindre nos unités. Le retour de Si Ahmed après son évasion rocambolesque fut fêté comme il se devait par les djounoud. Ceux qui l'ont aidé dans cette périlleuse entreprise furent félicités et honorés». 8
Les citoyens français musulmans : Des Français entièrement à part
Il est bien connu que les partis politiques à l'approche d'échéance électorales investissent sur le filon du rejet de l'émigration mot valise qui recoupe en gros les Arabes les musulmans et les noirs même s'ils sont français depuis plusieurs générations, notamment par le sang versé ! Voilà des jeunes Français descendants de ces tirailleurs, à part entière selon le droit en pleine errance identitaire qui peinent à s'en sortir. Un petit coup d'œil dans le rétroviseur pour nous rendre compte de la façon dont les ancêtres de ces Beurs sont traités chez eux. La France a eu besoin des bras et du sang de ces «bougnoules» leurs ascendants. C'est avec leur sang que les indigènes ont défendu la France Wissembourg en 1870, Verdun et le Chemin des Dames en 1917. Ces mêmes tirailleurs, devinrent des tirailleurs béton, ils construisirent l'essentiel des infrastructures de la période des Trente Glorieuses.
Ce sont justement les descendants de ces pionniers - qui vont tenter de s'intégrer dans une société qui leur ordonne de gommer leurs aspérités religieuses... Ces jeunes issus de l'immigration même à la cinquième génération continuent d'être confrontés à des pratiques discriminatoires. L'exclusion du marché du travail reste la question la plus douloureuse. Le «plafond de verre», bloque l'ascension sociale des jeunes Beurs, et se fait de plus en plus présent. Pourquoi les citoyens français musulmans ne trouvent pas leurs marques dans la société française ? Je ne peux pas m'empêcher de rappeler le cri du cœur de Jean-Marie Le Pen tortionnaire devant l'éternel mais qui par sa déclaration en tant que député, a donné son ressenti à savoir que c'est la France qui a besoin des Algériens et qu'ils peuvent être la partie dynamique et le sang jeune d'une nation française. Il affirme de plus à juste titre que sur «l'essentiel rien ne s'oppose à faire du croyant algérien un citoyen à part entière. Pourquoi alors la mise à l'écart savamment entretenue ? Trois raisons peuvent contribuer à l'explication : D'abord les expatriés nostalgériques dont le compteur est bloqué sur le bon temps des colonies et à qui il a été inculqué d'une façon massive, le fait que leur malheur est dû aux Algériens. Arabes et plus tard musulmans, quand il fallait a tout prix alimenter le feu de la discorde pour qu'il n'y ait pas d'apaisement». 9
Le deuxième argument qui va dans le même sens est de faire croire que le décrochage de la France avec une dette abyssale de 3000 milliards de dollars (120% du PIB) est dû aux étrangers arabes algériens musulmans dans le même amalgame qui profiteraient de la dimension sociale de la vie à la Française. Il est légitime que la richesse d'un pays sans démagogie profite à ceux qui y contribuent par leur travail par leurs impôts.
Le troisième argument et de loin le plus dangereux est que le corps social français est sionisé cela veut dire que constamment les intellectuels sionistes entretiennent le mythe de l'étranger musulman incomptable dirait Zemmour le laudateur de Bugeaud avec le corps social français. Il n'est que de lire les logorrhées affichées sur tous les médias par les Bernard Henry Levy, les Finkielkraut, qui a longueur d'émission disent aux Français qu'en se débarrassant des émigrés la France se porterait mieux ! les deux idéologies sont aux extrêmes l'une de l'autre ! Et pourtant ! C'est dire que le RN a plus à avoir peur du sionisme que de l'islam. On l'aura compris même si avec des dehors d'une complicité pour bouter hors de France les émigrés et surtout l'islam, le mouvement sioniste en France est profondément inquiet de l'irruption de l'extrême droite qui deviendrait un parti de gouvernement.
Mais que l'on ne s'y trompe pas ! Les ennemis des Français d'en bas et des sans dents qui galèrent ne sont pas les mélanodermes et les musulmans qui, les premiers, servent de variables d'ajustement en temps de crise ou à la veille d'élection. C'est justement, la crise générée par un libéralisme sauvage, une mondialisation-laminoir qui ne fait pas de places aux plus faibles qui rend ces derniers victimes du discours de la haine. La République, de notre point de vue, devrait avoir un fort pouvoir d'intégration envers ces Français musulmans qui ne demandent qu'à vivre à l'ombre des lois de la République.
Ces «traîtres» qui sauvèrent l'honneur de la France
«Je voudrais que tu retiennes que mes camarades et moi n'avons fait que notre devoir, car nous sommes l'autre face de la France. Nous sommes l'honneur de la France».~ Francis Jeanson s'adressant au président Abdelaziz Bouteflika - juin 2000
L'indépendance n'a pas été octroyée comme le martèle les nostalgiques du «bon vieux temps des colonies». La Révolution a fait appel à toutes celles et ceux qui ont cru en la cause de liberté. Justement, le moment est venu - de rendre justice à ces hommes de l'ombre ces Français et ces Européens d'Algérie qui se sentent avant tout, Algériens et à ce ont combattu sans état d'âme pour la dignité de leur peuple. La liste est longue. Les rares hommages sont tardifs et parcimonieux. Il y eut des «Justes» qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes qui furent considérés eux même comme des traitres. À titre d'exemple, Le nom de Francis Jeanson reste indéniablement lié au réseau de soutien au FLN, les «porteurs de valises», qu'il avait créé en 1957. «Fin mars 1956, il sollicite les intellectuels, écrivains, artistes pour soutenir le FLN. Le réseau de soutien qui portera son nom est officiellement créé en octobre 1957. Le réseau se constitue peu à peu. Combien étaient-ils ? Environ 3000 personnes ont été recensées. Les «porteurs de valise», transportent, hébergent et cachent les combattants. Ils transportent le matériel de propagande et... l'argent des cotisations de la communauté algérienne». 3
André Mandouze spécialiste de saint Augustin, chrétien de gauche, est un autre «juste». En 1956, il s'engage totalement aux côtés de la Révolution algérienne. Il connut la prison pour «trahison envers la patrie». Après l'Indépendance, il y retourna en tant que directeur de l'enseignement supérieur et y resta cinq ans. Pour l'ethnologue Germaine Tillion le combat se résume dans ces phrases : «Je pense, de toutes mes forces, que la justice et la vérité comptent plus que n'importe quel intérêt politique». Étant reçue par Soustelle elle bouillonne : «Benboulaïd qui a été arrêté est respectable. Je connais bien sa famille. Mostefa est un patriote et non un criminel de droit commun».[9]
Il en sera de même de Roger Hanin né à Alger en 1925, Roger Hanin portait en lui une double appartenance la culture française, mais surtout à cette Algérie qui l'avait vu grandir, façonné, souffrir, aimer «l'Algérie ne me doit rien, mais moi je dois à l'Algérie... J'ai été nourri de son amour pudique et braillard, excessif et profond», Même les années sombres la distance ne lui ôtèrent pas la conviction que l'Algérie est «Au moment de sa mort, Alger l'accueillit, son corps reposant près de celui de son père, dans le cimetière israélite de Saint-Eugène». 10
La Révolution algérienne fut œcuménique et dotée d'un fort pouvoir d'intégration de tous ceux qui croient aux causes de liberté de dignité et de dépendance ; Le cas de Winfried Muller, est atypique. : «appelé Si Mustapha Muller, né le 19 novembre 1926 à (Allemagne) et mort le 9 octobre 1993 à Tamanrasset (Algérie) est un résistant antinazi et militant anticolonialiste algérien d'origine allemande. Résistant antinazi durant la Seconde guerre mondiale. La Seconde guerre mondiale commencée, il est forcé de combattre au sein de la Wehrmacht mais prend la fuite Bien Plus tard, convaincu et sensible à la cause de la décolonisation Il décide de s'installer à Paris au début des années 1950 ; il est sensible à la cause algérienne à la suite du déclenchement de l'insurrection de l'ALN en 1954. il rejoint une base de l'ALN, établie à Tétouan au Maroc, en novembre 1956 Il va ainsi servir d'interprète entre les nationalistes algériens et les combattants de la légion étrangère engagés au service de l'armée française, dont la plupart sont germanophones. Il permet la désertion de près de 4000 soldats allemands ou autrichiens via un réseau de rapatriement de ces légionnaires vers l'Europe. En représailles, les services secrets décident de l'éliminer au moyen d'attentats ciblés commises par la Main Rouge, une organisation chargée de liquider ceux qui appuient militairement et financièrement le FLN. Il échappe à de nombreux attentats». 11
«Après l'indépendance il décide de s'installer à Alger où il occupe différents postes au sein des ministères de la Jeunesse, du Sport et du tourisme. Il obtient la nationalité algérienne en 1969. Fervent écologiste, il est considéré comme le père fondateur des parcs naturels algériens. Il est à l'origine de la création des parcs nationaux du Djurdjura en Kabylie et du Tassili au Sahara. Il est également chargé de la protection de l'ensemble des zones naturelles en Algérie. Il mourra d'une crise cardiaque, le 9 octobre 1993, à l'âge de 66 ans». 12
Une cérémonie d'hommage a été organisée à l'occasion du 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. L'ambassadrice d'Autriche à Alger, Aloisia Wörgetter, présente lors de la cérémonie, a évoqué son militantisme et sa dévotion. «Nous sommes ici aujourd'hui pour rendre hommage à Mustapha Muller, un militant qui a lutté pour l'indépendance de l'Algérie et qui a été à l'origine de la coopération algéro-autrichienne».Très nationaliste, il parlait avec beaucoup d'amour de l'Algérie, son pays pour lequel il a lutté et a donné beaucoup de choses, sans jamais rien attendre en retour». 13
Ainsi, nous ne tomberons pas dans le travers, du négationnisme à tout prix. La douleur et l'atrocité de la colonisation des indigènes furent quelques peu allégés par le dévouement à titre personnel d'hommes et de femmes européens d'Algérie, qui eurent un comportement remarquable. Nous disons que la colonisation malgré ses aspects sanguinaires et de déni de la dignité a laissé par le dévouement de certains de ses instituteurs et enseignants, l'amour d'une langue et d'une culture. Ainsi à titre individuel des instituteurs, des médecins, des Européens admirables tentèrent d'alléger les souffrances des Algériens. Nous leur serons à jamais reconnaissants. Les rares Algériens instruits le furent par une volonté admirable pour passer à travers les interstices de tolérance permis par le pouvoir colonial.
Dans le même ordre, il n'est pas question aussi de renier, aussi, le travail remarquable entrepris par l'Institut Pasteur d'Algérie. Ainsi, Edmond Sergent, dirigea l'Institut Pasteur d'Algérie pendant plus de 60 ans, de 1900 à 1963. Dans le même ordre, des professeurs remarquables ont sillonné l'Algérie. Leurs ouvrages (René Maire, Trabut...) sont toujours des références. Citons pour l'histoire, le père Clément Rodier qui, en greffant la mandarine et l'orange a créé la clémentine une «spécialité algérienne». Nous leur serons, à jamais reconnaissants.
«Ces hommes et ces femmes, français(e)s d'Algérie ou venus d'ailleurs, ont refusé que la fraternité ne soit qu'un mot gravé dans une devise. Ils l'ont incarnée. À contre-courant, ils ont tendu la main aux humiliés, partagé le pain des exclus, porté la voix des sans-voix. Sans être exhaustif parmi ces justes citons, les Yveton, Timsit, l'abbé Béranger Mgr Duval, Professeur Francis Johnson, Pierre et Claudine Chaulet... L'Aspirant Maillot qui déserta et monta au maquis Raymonde Pescharde née à Alger morte au combat en 1957. Maurice Laban né le 30 octobre 1914 à Biskra en Algérie mort le 5 juin 1956 non loin de (Chleff) est tué par l'armée française alors qu'il avait pris le maquis dans l'Ouarsenis aux côtés de l'aspirant Maillot. Aujourd'hui, une rue porte le nom de Maurice Laban Cette rue a été inaugurée au début des années 2000, en présence de sa femme, invitée par la willaya de Biskra». 14
En définitive, la liste est longue de celles et ceux qui ont bravé les interdits, traversé les barrières invisibles des communautés, Qu'il nous suffise de citer aussi sans être exhaustif, ceux qui ont défendu l'idéal de la liberté en risquant leur vie : Les avocats Jacques Verges, Gisèle Halimi, le mathématicien Maurice Audin - un autre juste. Il est arrêté par les hommes de Bigeard et torturé à mort. À côté de la ligne officielle de l'Église, de Monseigneur Feltin déclarant : «La terreur doit changer de camp», il nous faut citer, tous les hommes de religion qui, ont témoigné notamment contre la torture, Monseigneur Duval, l'abbé Bérenguer qui fut même ambassadeur du GPRA en Amérique du Sud, sans oublier l'immense Frantz Fanon qui combattit avec les armes de l'esprit et dont les écrits - cinquante ans après - sont toujours d'actualité.
Citons, aussi tous ceux qui se sont élevé contre la torture notamment Henri Alleg et les intellectuels Sartre, de Beauvoir qui protestèrent contre la peine de mort infligée à Djamila Boupacha. Césaire paya de sa poche le billet d'avion qui a permis à Djamila Boupacha défendue par Gisèle Halimi, d'échapper au paras en étant transférée en France. Citons aussi Picasso et le tableau peint en hommage à Djamila Boupacha, tableau qui est au musée de New York Tout ces justes, ont osé dire qu'une autre relation entre la France et l'Algérie était possible. Ils ont été les forgerons de la fraternité, battant le fer de la dignité humaine contre l'enclume de la violence coloniale. Ils ont payé parfois le prix de l'exil, du mépris, de l'oubli. Mais ils ont sauvé l'honneur de la France, en montrant qu'une autre voie existait celle de la dignité partagée.
Et si l'extrême droite et l'OAS, n'avaient pas créé le chaos ? L'exemple de l'Afrique du Sud
On le sait, l'Algérie ayant été contrariée par la politique de la terre brûlée des extrémistes européens d'Algérie qui voulaient clôturer la présence comme l'a démarré Bugeaud. Même les centaines de milliers d'ouvrages de la Bibliothèque d'Alger sont partis en fumée. L'OAS a précipité le départ des Européens avec le diabolique slogan «la valise ou le cercueil». Ajoutons que les prévisions des Accords d'Évian tablaient sur un départ des Européens pour des raisons diverses, d'au plus 200 000 surtout parmi les colons repliés parmi les premiers bien avant 1962. Reste le petit peuple terrorisé par l'OAS.
Un pays a réussi à limiter l'exode ; l'Afrique du Sud. Avec la Nation Arc En ciel Mandela a réussi à réconcilier les Sud-Africains. Dans «Les Identités meurtrières», Amin Maalouf écrit : «L'identité n'est pas unique, mais plurielle. Le destin des nations repose sur la capacité à intégrer la diversité au lieu de l'exclure. «Mon pays se porterait-il mieux si les Afrikaners y restaient au lieu de s'en aller ?» Mandela. Mandela, par sa vision, a compris qu'il fallait garder les compétences et les forces vives de ceux qui hier encore étaient les dominants, mais qui pouvaient contribuer à bâtir le pays nouveau. Après l'apartheid, l'Afrique du Sud a connu la Commission Vérité et Réconciliation, Nelson Mandela a incarné ce choix de vivre ensemble, refusant la vengeance et préférant l'inclusion. L'Afrique du Sud a ainsi gardé une partie de ses élites techniques et économiques (Afrikaners, anglophones), ce qui a évité l'effondrement immédiat». 15
«Dans un entretien accordé à Leadership, une revue sud-africaine : «Mandela, mettant en valeur ses ministres, leur attribue toute la réussite : «Prenez, déclare-t-il, le ministre de l'Eau, le Pr Kader Asmal : à aucun moment de notre histoire, Nous avons fourni de l'eau potable à 2,6 millions de personnes. Ce n'est pas Mandela qui l'a fait, c'est Kader Asmal. Prenez encore Trevor Manuel il a su gagner la confiance des économistes et des institutions financières du monde entier. Ce n'est pas Mandela qui a réussi cela, c'est Trevor Manuel. Voyez Alec Irwin au Commerce et à l'Industrie : où qu'il aille, il reçoit un accueil chaleureux Mandela avoue d'une façon tout à fait modeste, alors qu'il est au sommet du pouvoir : «Nous n'avons jamais été formés à gouverner. Expliquant que tout révolutionnaire qu'il était, il n'avait pas de compétence : «On nous a littéralement sortis de la brousse pour nous confier la tâche d'administrer un pays avancé»». 16
Cela rappelle qu'à l'été 1962 en Algérie après l'échec du Congrès de Tripoli en juin 1962, chaque camp s'apprêtait à prendre le pouvoir. Alors qu'ils n'ont pas été formé à gouverner comme l'avoue simplement Mandela qui a fait ses armes en Algérie, à Zeralda. Il sera arrêté en Afrique du Sud et fit 27 ans de prison et limita sa présidence à un seul mandat. Par contre, il continue humblement à demander le retour de Africains blancs qui sont partis : «S'agissant de certains blancs qui ont quitté le pays, avec l'avènement du nouveau pouvoir, Mandela déclare qu'ils ont toute leur place : «(...) Dans tous les pays colonisés, lorsque des changements surviennent, l'ancienne classe dirigeante préfère partir. Mais, une fois que ces gens s'aperçoivent que tout se passe normalement, que leurs craintes sont infondées, ils reviennent (...) Il faut écouter dit il les déclarations qui ont été faites par l'un des porte-parole des milieux agricoles. Il a dit : c'est mon pays ; quelles que soient mes inquiétudes concernant la criminalité, c'est mon pays ; j'y reste, je ne vais nulle part ailleurs. Quand on voit ceux qui sont fermement décidés à rester dans leur pays, on voit que ceux qui l'ont quitté ne représentent qu'une infime minorité. Néanmoins, nous voulons qu'ils reviennent avec leurs compétences». Pour bâtir une nouvelle nation «arc-en-ciel» Mandela a eu besoin de tous les Sud-Africains, noirs et blancs». 14
Que peut-on en conclure ?
À bien des égards, Le combat du peuple algérien fut héroïque, et il est indéniable que toutes celles et ceux épris de liberté se sont engagés sans arrière-pensée et n'attendent rien en échange.
L'Algérie de 1962 n'a pas pu emprunter ce chemin, non pas par manque de volonté du peuple, mais à cause de la violence de l'OAS On peut toujours dire que si nous avions eu un Mandela algérien il aurait pu donner à l'Algérie une autre dimension. C'était sans compter sur la terreur de l'OAS. Le clivage abyssal fait que 63 ans après, le fonds de commerce l'extrême droite est toujours l'organisation terroriste OAS.
La guerre que le peuple algérien a été amené à faire à un pouvoir colonial autiste est une intégrale de l'abjection, une sorte de condensé sur huit ans des horreurs que l'homme peut faire. La France a bafoué toutes les conventions internationales notamment, sur les interdictions des armes prohibées. Elle a fait appel à toutes ses capacités de nuisances, avec les troupes de l'Afrique noire de «son empire» africains (Sénégalais, Maliens) mais aussi de la Légion étrangère particulièrement sanguinaires.
Cependant, dans sa lutte pour l'indépendance, l'Algérie a apprécié avec reconnaissance, l'aide des justes français à l'instar de Francis Johnson, de Sartre qui refusa le prix Nobel en signe de solidarité contrairement à Camus «l'étranger au calvaire algérien». De Germaine Tillion qui supplia en vain le pouvoir de ne pas procéder à l'exécution des patriotes et toutes les femmes et comme qui au nom de leur idéal de liberté ont porté secours et montré leur proximité dans les faits avec la cause de la liberté.
Ces Français sont l'autre face de la France, l'honneur de la France comme l'écrit le philosophe Francis Jeanson responsable du réseau de soutien au FLN. Sans faire dans la concurrence victimaire, on n'est pas loin de la vérité du million de morts tout sévices confondus et de centaines de milliers de traumatisés handicapés. des milliers de personnes furent irradiées.
Parmi les liens potentiels nous avons en commun avec la France une diaspora algéro-française de plus en plus bien éduquée, dont les ancêtres, les fameux «Régiments de Tirailleurs Algériens» ont défendu la France et devinrent ensuite les «Tirailleurs Bétons» qui ont aidé à la reconstruction de la France.
Le goutte à goutte mémoriel ne fait que différer une reconnaissance franche et loyale. Un «apaisement des mémoires» requiert d'accepter les faits historiques qui la sous-tendent parce que référencées par des sources académiques françaises. Nous pourrons alors discuter de faits admis de part et d'autre pour la vérité et la justice d'une façon civilisée et envisager le futur dans l'égale dignité des deux peuples.
Professeur Chems Eddine Chitour
- Jules Roy, lentreprise.lexpress.fr, 05/07/2022
- Jules Roy Ibid
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- Dominique Vidal, «Ces «traîtres» qui sauvèrent l'honneur de la France», Le Monde diplomatique, septembre 2000
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- « Muller l'Algérien compte parmi les nombreux étrangers qui ont défendu la cause nationale», sur echoroukonline.com, 28 février 2012 (consulté le 16 septembre 2022)
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- fr.wikipedia.org
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- 11. Hugh Murray et Paul Bell, «On nous a sorti de la brousse pour nous confier le pays», 3 Leadership, 3 décembre 1998